Un peu de paperasse

J’ai quitté un immeuble sinistre, puis notre préfecture tristounette. Plutôt que de regagner directement le plateau ardéchois, j’ai fait un détour par le petit village de Coux, en aval de la vallée de l’Ouvèze. Depuis le temps qu’en contemplant ces bâtisses qui s’étirent sur une crête, de l’autre côté de la rivière, je rêvais d’y faire une halte!
Un petit village charmant
Étrange promenade dans la nature déréglée de ce mois de février… L’air était froid, le ciel gris, et des murs de pierres cascadaient les violettes, et sur les arbres et arbustes venaient d’éclore mille pétales éclatants!

Le lecteur connaît mon affection pour ces constructions complexes, qui sont pour moi une représentation des tréfonds tortueux de notre âme. Nous aimons les lieux qui correspondent à notre nature la plus intime.
Géographie personnelle
« La carte n’est pas le territoire » (Alfred Korzybski). Rien de plus subjectif que la vision du monde qui nous entoure. Les lieux se chargent de souvenirs et d’émotions. Ils ne se présentent pas tels qu’ils sont, mais selon l’état d’esprit dans lequel nous nous en sommes longuement imprégnés.
L’Ouvèze, cette petite rivière ardéchoise, revêt une grande importance dans ma géographie personnelle. Elle relie l’espace étroit et sûr de mes montagnes au Rhône, qui débouche sur un ailleurs à la fois merveilleux et inquiétant. Au-delà? En un vaste arc de cercle: la Méditerranée, les Alpes, Lyon et Paris. L’ailleurs, l’exotisme, la promiscuité angoissante des villes. Descendre le cours de l’Ouvèze est un arrachement. C’est quitter le monde étroit et familier de l’enfance pour aborder des rivages inconnus.
Rien d’autre que le cheminement d’une vie.
